Pétrole et gaz. Des opérateurs majeurs se sont retirés du Liban
La rumeur, qui circule depuis un certain temps, concernant le désengagement de nombreuses compagnies du dossier des ressources pétrolifères libanaises, a été confirmée officieusement à Magazine par une source impliquée dans ce secteur, qui a requis l’anonymat. Il ne reste plus que la moitié des opérateurs qui avaient exprimé leur intérêt pour ce dossier, soit six sur un total de douze, a précisé la source. Ces opérateurs font partie des compagnies majeures sur le plan international. Elles ne peuvent se permettre de maintenir leurs équipes techniques mobilisées indéfiniment sur les sites libanais, alors que le processus tarde à se mettre en marche. Le maintien de ces équipes sur place coûte cher, et celles-ci se doivent d’être productives, d’autant que des découvertes importantes de ressources gazières et pétrolières ont été établies dans d’autres pays de la région dont l’île de Chypre, la Grèce et un peu plus loin en Croatie et au Monténégro. «On ne voit plus les représentants des sociétés japonaises, américaines ou brésiliennes. Il reste certains représentants de compagnies européennes, qui n’ont pas d’autres choix que de rester et de patienter vu les investissements qu’elles ont déjà effectués», précise la source, soulignant, par ailleurs, qu’il n’est pas facile de mobiliser de nouveau les équipes techniques parties si une reprise du processus devait avoir lieu.
De son côté, l’expert irakien en pétrochimie, Farouk el-Kasim, a insisté sur la phase préparatoire à l’exploitation des gisements gaziers et des nappes pétrolières, expliquant que le Liban doit élaborer une politique nationale des ressources pétrolifères en y définissant clairement ses objectifs, dans le sens de ce que l’Etat entend faire avec ses ressources périssables et non renouvelables. «L’Etat concerné n’aura la chance qu’une seule fois d’exploiter ses richesses», a-t-il martelé. Farouk el-Kasim a aussi insisté sur la nécessité d’établir un consensus entre toutes les parties politiques et une consultation qui engloberait tous les partenaires du processus, tels le gouvernement, le peuple et les entrepreneurs. «Pour accomplir quelque chose de substantiel, les autorités officielles doivent mener des consultations», a ajouté l’expert irakien. Selon lui, la troisième démarche à entreprendre consiste à promulguer une loi du pétrole, puis des décrets d’application. Ceux-ci sont d’autant plus importants qu’ils devraient donner lieu à l’élaboration «d’un contrat type», qui éviterait ultérieurement au gouvernement de devoir négocier chaque détail au cours de l’exécution des chantiers. La cinquième mesure à prendre est celle de la création à l’instar du Liban de l’Autorité libanaise du pétrole. Celle-ci aurait à jouer deux rôles: le premier est celui du contrôle de la conformité du processus en cours aux règlements, et le second est un rôle consultatif, qui aiderait le gouvernement à faire une évaluation professionnelle de ce qui aurait été accompli. «Au Liban, l’association a été formée, mais ses prérogatives n’ont pas été clairement définies», a ajouté Farouk el-Kasim. «Sans une telle autorité, qui serait largement respectée, tout dialogue avec les entrepreneurs serait confus et difficile», a-t-il souligné. L’expert irakien a déclaré que le plus important pour le Liban est d’éviter que les revenus potentiels de l’exploitation du pétrole et du gaz ne constituent «un tsunami qui ferait sombrer l’économie». «Il faut constituer des coussins de choc ou des tampons à l’économie. Ainsi, il faut accroître la productivité dans l’ensemble des secteurs productifs, en assurant un transfert de la technologie vers les agents locaux. Ce qui permettrait à la force active d’apprendre de nouveaux métiers et de défricher de nouveaux terrains d’emplois». Il a conclu: «Les Libanais devraient donner le temps nécessaire pour faire l’apprentissage de ce nouveau business, tout en persuadant les parlementaires de ne pas s’immiscer dans ce dossier».
Published by: Magazine. Liliane Mokbel.
Date: 25.07.2014
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